Guide Out-Law 9 min. de lecture
16 Apr 2019, 1:07 pm
Pour obtenir davantage d’informations, veuillez consulter notre aperçu Faire des affaires en Chine et notre guide pour établir une entreprise en Chine.
Les règles relatives à la qualification, aux pouvoirs, aux devoirs et aux responsabilités du Conseil d’administration et de ses administrateurs sont particulièrement importantes. Les investisseurs étrangers et leurs administrateurs doivent être conscients de ces règles afin de se conformer à la Loi, garantir une bonne gouvernance d’entreprise et se prémunir contre toute responsabilité potentielle.
Les administrateurs ne doivent pas nécessairement être des ressortissants ou des résidents chinois. Aucune qualification de directeur général n’est généralement exigée, même si les administrateurs de sociétés relevant de certains secteurs comme la banque, l’assurance ou la sécurité doivent répondre à certains critères pour être qualifiés d’administrateurs.
Certaines personnes ne sont pas autorisées à agir en tant qu’administrateurs, notamment :
Toute élection ou nomination d’un administrateur violant ces proscriptions sera invalide.
Une société à responsabilité limitée à capitaux entièrement étrangers (WFOE) possède les mêmes éléments de gouvernance qu’une société à responsabilité limitée nationale, à savoir :
Dans le cas d’une WFOE, l’Assemblée générale ou l’actionnaire unique constitue la plus haute autorité de la société. Dans le cas d’une co-entreprise (EJV) et d’une co-entreprise coopérative (CJV), il n’y a pas d’Assemblée générale, et le Conseil d’administration est le principal organe d’autorité.
Chaque entreprise doit également posséder un représentant légal, lequel est officiellement et légalement responsable des activités de la société. Le Président du Conseil d’administration, le directeur exécutif ou le directeur général peuvent assumer le rôle de représentant légal.
Conformément à la Loi sur les sociétés de la République populaire de Chine (RPC), le Conseil d’administration ou le directeur exécutif est responsable envers l’actionnaire de remplir les fonctions suivantes :
À moins qu’il ne le soit stipulé autrement dans les statuts de l’entreprise ou par la Loi, les décisions du Conseil ou des administrateurs sont prises par un vote à la majorité simple.
Conformément à la Loi, les questions suivantes doivent être décidées par une résolution unanime du Conseil d’administration dans les cas d’une co-entreprise (EJV) ou d’une co-entreprise coopérative (CJV), ou, dans le cas d’un WFOE, par une résolution des actionnaires représentant les deux tiers des capitaux propres de la société :
Les administrateurs ont un devoir de loyauté et de diligence envers les sociétés pour lesquelles ils travaillent, et doivent respecter les lois et les règlements administratifs de la RPC ainsi que les statuts de la société dans le cadre de l’accomplissement de leurs devoirs.
La Loi sur les sociétés de la PRC stipule notamment que les administrateurs, les gestionnaires et les superviseurs ne doivent pas :
Les administrateurs d’une société peuvent faire l’objet de poursuites civiles, administratives et (dans des cas les plus graves) pénales dans le cadre de leurs propres actes ou d’actes de l’entreprise qu’ils ont causés ou autorisés.
Responsabilité civile
Si les administrateurs ne respectent pas leurs devoirs, ils peuvent être contraints à :
Les actionnaires, la société elle-même ou ses superviseurs peuvent intenter des poursuites à l’encontre des administrateurs en revendiquant ce type de recours.
Les procès intentés par des actionnaires dans le modèle américain, où les actionnaires poursuivent en justice des administrateurs au nom de la société, ne sont toutefois pas reconnus en Chine.
Responsabilité administrative
Lorsqu’une entreprise viole des lois et des réglementations administratives comme notamment celles couvrant la sécurité au travail, le droit sur la concurrence déloyale ou d’autres domaines, son « personnel de supervision à responsabilité directe » ainsi que « les autres personnes à responsabilité directe » peuvent également être punis.
Les sanctions administratives comprennent des avertissements, amendes, confiscation de revenus illégaux et, dans les cas les plus graves, une « détention administrative ».
Responsabilité pénale
À l’instar du droit administratif, lorsqu’une société commet une infraction pénale, son « personnel de supervision à responsabilité directe » et les « autres personnes à responsabilité directe » peuvent également être punis pour cette infraction.
Selon la nature du crime, la sanction pénale pourra inclure une amende, une peine d’emprisonnement et, dans les cas les plus graves comme des accidents ou des incidents de sécurité majeurs en matière de production dans le cadre de la sécurité alimentaire qui compromettent la santé et la sécurité publiques, la peine de mort.
La responsabilité civile des administrateurs et des dirigeants peut être limitée par divers moyens. En revanche, l’exposition à la responsabilité administrative et pénale ne peut pas être limitée, si ce n’est que dans le respect intégral de la Loi.
Limitations légales
La Loi sur les sociétés de RPC oblige les administrateurs à se conformer à la Loi, aux règlements administratifs et aux conditions des statuts de la société. Si le Conseil d’administration ou le directeur exécutif adopte une résolution qui, en violation de la Loi, des règlements administratifs ou des statuts de la société, entraîne des pertes importantes pour la société, les administrateurs qui participent à cette résolution sont tenus responsables envers la société de tout dommages et intérêts.
S’il est prouvé qu’un administrateur a exprimé son opposition à la résolution en question au moment de son vote et que son opposition a été consignée dans le procès-verbal de la réunion, le directeur pourra être alors dégagé de sa responsabilité. Il est par conséquent important que toutes les résolutions du Conseil soient correctement documentées par écrit et que ces preuves soient conservées.
Limitations internes
Les sociétés peuvent limiter la responsabilité de leurs administrateurs dans leurs statuts. Les articles de ces derniers peuvent par exemple stipuler que :
Assurance
La fourniture d’une couverture d’assurance aux administrateurs et aux dirigeants d’une société n’est pas encore aussi fréquente en Chine que dans certaines autres juridictions. La mise en place de ces prestations est toutefois possible et les entreprises internationales qui interviennent en Chine, comme notamment les grandes entreprises, organisent souvent cette couverture pour leurs directeurs et dirigeants. D’un point de vue technique, seuls les assureurs nationaux sont autorisés à couvrir les risques nationaux, mais une couverture des risques locaux peut néanmoins être proposée dans le cadre de politiques générales émises par certains assureurs internationaux.
Protection des actifs des administrateurs
Certaines sociétés interviennent parfois dans des zones à haut risque où la responsabilité potentielle des administrateurs n’est pas couverte par l’assurance des administrateurs et des dirigeants.
Pour éviter tout recours direct à sa fortune personnelle, un administrateur peut envisager de prendre certaines mesures de protection en créant par exemple une fiducie de protection de ses actifs dans une juridiction appropriée, laquelle, bien qu’a priori éloignée, peut constituer une solution utile pour assurer leur protection en cas de circonstances extrêmes.
Si les approches susmentionnées puissent limiter les passifs déjà engagés, un système de gestion des risques bien établi est néanmoins important pour réduire toute responsabilité future en matière de responsabilité civile, administrative et pénale.
À cette fin, nous vous conseillons d’effectuer des « bilans de santé » réguliers afin d’évaluer le profil de risque que présente votre entreprise. Un contrôle de santé juridique se concentre principalement sur la conformité, mais peut également traiter certaines questions de gouvernance.
Une fois ce profil de risque établi, des mesures d’atténuation des risques pourront être élaborées et adoptées. Ces dernières pourront inclure l’amélioration des structures de gouvernance d’entreprise, l’adoption de politiques et de procédures spécifiques, et la mise en place de mesures correctives dans le cadre de toute non-conformité historique.